À toutes les graines de broc’.
Voilà qu’on ouvre la porte. Cédric, bébé au bras, nous invite à nous installer dans sa salle à manger, le temps de déposer bébé dans la chambre au berceau de rotin. Un regard nous suffit pour comprendre que nous sommes bien dans les coulisses de Graines de Broc, cette boutique pour grands enfants. À gauche, des voitures de collection. Sur le mur, un baby-foot vintage est érigé façon toile de maître. À droite, un cheval à bascule grandeur petit poney nous fait de l’oeil. En face, un robot veille sur la cheminée, pendant qu’un autre nous salue depuis l’entrée… Et hop, voilà que Cédric revient pour tout nous raconter. Nous, on est prêt. Interview.
Si je suis brocanteur, c’est parce que :
C’est sûrement parce que je suis un grand enfant voire un grand nostalgique. Je dois dire que j’ai un peu de mal avec les objets d’aujourd’hui, au global, en dehors du mobilier design que je trouve très intéressant. Et puis il y a tellement de belles choses à exploiter, tellement de meubles anciens à revivre. L’idée d’apporter à son chez soi cette exception m’a donné envie de devenir brocanteur.
Si je devais résumer mon parcours :
J’ai commencé par faire des études de marché de l’art. Cette formation me préparait au métier de commissaire priseur, entre autres. Et quand je suis sorti de l’école, je n’avais pas forcément de piston dans cet univers, sachant que ça marche essentiellement ainsi. Alors je suis rentré par hasard dans une agence de com’. Un milieu qui m’a vraiment plu. Tellement, que j’ai monté ma propre structure : une agence de com’ spécialisée dans le digital. Et puis mon fils de 9 ans est né, c’est là que j’ai commencé à faire des brocantes. Assez naturellement, je me suis mis à chiner des objets qui étaient plus orientés « enfants. » J’en ai chinés pas mal et puis, il y a 3 ans, je me suis dit que c’était le moment d’en faire quelque chose. De les partager. De me servir de mon expérience de communiquant pour les proposer au public. Par extension, j’ai redécouvert le côté ludique de tous ces objets, ça m’a donné envie de chiner pour les grands enfants et de proposer des pièces uniques et exceptionnelles.
Si je suis implanté à Paris, c’est parce que :
Je suis né à Paris, dans le 15e. Et puis quand on bosse dans la com’, tout se passe à Paris. Après, pour des contraintes familiales, il est aussi plus simple pour moi de rester dans la capitale.
Si ma boutique s’appelle Graines de Broc, c’est parce que :
« Graines », c’est très lié à la sphère enfantine. J’espère d’ailleurs arriver à sensibiliser mes enfants à la brocante. C’est toujours sympa de vivre ces moments en famille. L’idée de « Graines de Broc », en tout cas, c’est d’éduquer un peu mes enfants sur l’art de la brocante et de faire perdurer des objets chargés de sens et d’histoire.
Si j’étais brocanteur de l’année, je le serais :
De par l’originalité de mes produits et leur détournement. C’est ce qui guide ma façon de chiner. J’aime réinterpréter et me réapproprier un objet d’hier pour en faire un produit déco d’aujourd’hui. Par exemple : chiner un ancien volant de voiture, des panneaux de signalisations émaillées et les accrocher au mur, comme des trophées… Le pouvoir de ces objets décoratifs est insoupçonnable.
Si je devais vivre dans une autre décennie :
Ce serait dans les années 50 ou les années 60, je pense. Pour chiner et amasser un max d’objets devenus rares aujourd’hui. C’est aussi une période dans laquelle prédominaient le bois et le métal, matières auxquelles je suis particulièrement attaché.
Si j’étais dictateur de déco, j’interdirais :
Je n’interdirais rien… tout est intéressant en déco. Il n’y a pas de mauvais objets, il y a des mauvais mélanges. Disons que ce qu’il ne faut pas faire, c’est le total look. Le total contemporain, le total brocante, la page 12 de tel catalogue… je trouve que ça manque cruellement d’âme.
Si j’étais une pièce incontournable du design contemporain, je serais :
La lobby chair de Eames je pense, c’est un superbe fauteuil de bureau. Je cherche à en acheter un depuis quelques temps, mais je ne trouve jamais le bon : le bon cuir, le bon piétement, la bonne patine. Il faut être sur le coup pour la dénicher.
Si je faisais la météo des prochaines tendances :
Je mettrais à la mode le détournement d’objets de sorte que cela devienne une vraie tendance. Cela ferait de tous les objets de Graines de Broc de véritables must-have !
Si j’étais mon client, je m’achèterais :
La question est très difficile… En ce moment, je dirais peut-être mon baby-foot parce qu’il est génial. Ou la chaise cocktail enfant, parce qu’elle est originale et printanière. Mais attendez de voir le sujet de manège bientôt en vente sur Selency by Brocante Lab…
Si je n’étais pas brocanteur, je serais :
Architecte, pour concevoir des immeubles dingues et spectaculaires ! Au delà de ça, je trouve que c’est un très beau métier.
Si nous étions 10 ans plus tard, je me verrais bien :
À la tête d’un concept store parisien et d’un autre, à Brooklyn. J’y vendrais mes trouvailles et des objets insolites pour l’aménagement de lofts.
Si j’étais manichéen, je préférerais :
La Grande Récrée à Toy’r’Us.
La Villa Savoye à l’Élysée.
Le Musée des Arts Forains à la fête foraine des Tuileries.
La bibliothèque Georges Pompidou à la bibliothèque François Mitterrand.
Oscar Niemeyer à Oscar de la Renta.
Une RAR de Eames à un Rocking Chair Tapiovaara.
Philippe Starck à Marie Antoinette.
Le Starbucks au Café de Flore.
La braderie du Canal Saint-Martin à la Braderie de Lille.
Un chalet de Montagne à un château de la Loire.
L’atelier Pablo Picasso à la Factory d’Andy Warhol.
Une sculpture de Camille Claudel à une oeuvre de Duchamp. Le Pont des Arts à la Canebière.