Chez Charlotte Cadé, fondatrice de Selency et de l’agence déco Selency

VISITE PRIVÉE

Chez Charlotte Cadé, fondatrice de Selency

Photos : © Studio Turin

Il y a 11 ans, Charlotte Cadé, passionnée de déco au temps d’écran Pinterest, disons… « avant-gardistement » excessif, s’est demandée entre deux sessions chronophages sur leboncoin : « et si le meilleur de la brocante se retrouvait sur une seule et même plateforme inspirante ? » Quelques semaines plus tard naissait Selency. Un site, doublé d’une app, qu’elle a lancé pour digitaliser le 3e loisir préféré des Français et offrir un QG aux amateurs de produits singuliers.

Depuis ? C’est un autre QG que Charlotte a fondé : son intérieur. Celui qu’elle partage avec ses 3 enfants et son mari — avec qui elle a d’ailleurs co-fondé Selency. Sur place, et sans surprise, on retrouve l’essence même de son activité : beaucoup de vie, de brocante, d’authenticité et de personnalité. Visite et interview de celle qui entend bien faire de la seconde main une priorité dans vos intérieurs et, spoiler, jusque dans le secteur de l’hospitalité : Charlotte Cadé.

De l’entrée à la salle de séjour



Question : Qu’est-ce que ton intérieur d’aujourd’hui dit de l’évolution de Selency depuis ses débuts ?


Réponse de Charlotte : Mon intérieur est à l’image de Selency : il évolue sans cesse. Il se transforme selon les saisons, mes envies, mes coups de coeur chinés. C’est l’idée même que je défends : faire évoluer sa déco sans déménager, sans exploser son budget — et sans alourdir son empreinte carbone, grâce à la seconde main.

Q : Y a-t-il un espace que tu n’as pas encore réussi à “dompter” malgré plusieurs essais ?


R : L’entrée. Malgré tous mes efforts et relooks successifs, elle reste le coin que je n’arrive pas à boucler. Il y a ce buffet que je compte repeindre dans un premier temps. Et le reste…. c’est challenge.

Q : Quand tu as emménagé ici, quelle histoire voulais-tu raconter à travers l’aménagement choisi ?


R : Je voulais respecter l’âme haussmannienne du lieu sans l’enfermer. L’idée était d’apporter un côté solaire et chaleureux à l’ensemble. Rafraîchissant l’été et cosy l’hiver. Finalement, petit à petit, je lui ai donné un air méditerranéen qui colle bien à mon envie de départ.


Q : As-tu imaginé l’aménagement pièce par pièce ou comme un récit global ?


R : C’était vraiment mon premier projet et je l’ai pensé pièce par pièce, avec un souci de cohérence globale. Si c’était à refaire, je partirais d’un récit. Mon intention générale était d’apporter un maximum de lumière et de rendre l’ensemble confortable toute l’année quelle que soit la saison. J’aime l’ambiance feu de cheminée ultra confiné l’hiver du salon avec des assises en bouclette ou velours. Et le côté tout ouvert sur l’extérieur l’été, sous « l’olivier ». Je voulais aussi une « coque » sobre pour accueillir tous mes délires déco. Et me permettre de changer régulièrement de mobilier.

Demi-tour, place au salon



Q : Y a-t-il une pièce que tu as adoptée récemment, alors que tu ne l’aurais jamais imaginée chez toi ?


R : Oui ! Un coffre à jouets dans le salon. Très Folk. Je n’aurais pas imaginé avoir besoin d’un coffre à jouets dans mon salon mais ça me sauve !


Q : D’ailleurs, as-tu des astuces pour que l’espace reste aussi fonctionnel que beau, lorsqu’on partage un intérieur avec des marmots ?


R : On peut miser sur des compromis (la table basse aux bords arrondis pour éviter qu’ils se fassent mal) mais pour moi l’enjeu, c’est de ne pas lésiner sur les rangements. Qu’ils soient menuisés ou chinés, créer des petits espaces pour que chacun s’y sente bien, et laisser du vide aussi — c’est important. J’ai d’ailleurs opté pour des chauffeuses modulables en guise de canapé. Ça permet aux enfants d’avoir l’espace nécessaire à discrétion pour jouer dans le salon.


Q : Quel est le « tip déco » que tu as mis en œuvre ici et dont tu es la plus fière ?


R : Je pense que l’audace paie toujours. Les pièces sur lesquelles j’ai été la plus audacieuse en termes de couleurs, de revêtements sont celles que je trouve les plus réussies.

 

Les chambres



Q : Tu dirais que ton intérieur parle plus de ton présent, de ton passé, ou d’un futur que tu construis ?


R : C’est un bon mix. Il raconte évidemment le passé, l’histoire de ma famille, avec des objets dont j’ai hérité. Il raconte aussi mon mood du moment car ma déco ne cesse d’évoluer. Et il raconte aussi mes envies pour demain. Et ce style aux accents ensoleillés que j’ai cultivé dans ma déco sans le conscientiser m’a fait réaliser que je serais sans doute très heureuse plus tard dans une maison en bord de mer.


Q : Est-ce qu’un objet ou une matière t’a inspiré un « revirement » complet dans une pièce ?


R : J’adore les parquets blancs et le choix du parquet blanc dans la chambre (que j’aurais voulu pousser à tout l’appart) m’a offert l’opportunité d’être plus libre sur le choix des couleurs utilisées dans la pièce. Notamment dans la petite partie bureau que j’adore, où j’ai pu mélanger les matériaux et les couleurs avec facilité.


Q : C’est un bon tips ! En as-tu d’autres à partager et qui aident à libérer la créativité ?


R : Partir d’une histoire, plutôt que d’inspirations toutes faites : il faut contraindre la création par l’histoire pour mieux créer, sinon il est difficile de choisir le bon univers.


Q : Y a-t-il des objets décoratifs qui comptent plus que d’autres dans ton intérieur ?


R : Oui, au milieu de tous les changements que j’aime faire, il y a des pièces qui restent et racontent une histoire. Mon histoire. Pour beaucoup, ce sont des pièces que l’on m’a transmises et cette notion de transmission est importante pour moi car elle crée du lien entre les générations. Dans la salle de bains par exemple, il y a un panneau en bois peint de tresses africaines ; souvenir d’Afrique que ma grand-mère avait accroché dans sa propre salle de bains et que je regardais avec attention et intrigue petite. J’ai récupéré de ma famille beaucoup de pièces insolites et c’est ce qui me plaît dans la déco : des petits objets surprenants qui créent les récits.

Q : Est-ce qu’il y a un espace dans la maison qui te semble particulièrement « abouti » ?


R : La partie la plus aboutie est celle qui n’a pas évolué : la salle de bains. Je n’ai rien changé depuis que nous sommes arrivés. Je m’y sens bien. J’aime ce mélange de béton ciré avec ces détails ethniques çà et là. Je ne m’en lasse pas.

Q : Tu as pris en main l’agence déco lancée par Selency récemment. Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’impliquer ?


R : Depuis toujours, je suis passionnée de design intérieur. J’aime penser des espaces, les transformer et les habiller d’objets authentiques qui rendent les lieux plus vivants à mon sens. Jusqu’ici, Selency me permettait d’exprimer ça à travers une plateforme tech, sous forme d’écrin digital et inspirant. Mais j’avais envie d’aller plus loin. De repenser les lieux dans leur globalité : la lumière, les circulations, les usages… Et de mettre la seconde main au coeur de ce travail, pas seulement en touche finale.